Terminale Humanité, littérature & philosophie / Cinéma-audiovisuel : quand les mots donnent à voir - Lycée Jean Prévost

Terminale Humanité, littérature & philosophie / Cinéma-audiovisuel : quand les mots donnent à voir

, par Hélène FIOROT

Mercredi 21 février 2024, Marie Gaumy, de l’association Les yeux dits, est venue à la rencontre d’une soixantaine d’élèves du lycée Jean Prévost pour présenter son métier d’audiodescriptrice et donner un aperçu concret de ce en quoi consiste précisément l’audiodescription dans le domaine du cinéma.

Des élèves de spécialité Humanité, littérature & philosophie et leurs camarades de Cinéma-audiovisuel ont ainsi appris que l’audiodescription permet de rendre un film accessible aux personnes atteintes d’une déficience visuelle en le transformant en une œuvre purement sonore. Concrètement, une voix off vient s’inscrire dans la bande son du film, entre les sons signifiants, pour décrire ce qui est à l’image.

Afin de montrer comment l’audiodescription permet de comprendre le film sans en voir les images, Marie Gaumy a fait écouter aux élèves la bande son des premières minutes du film Le Monde de Narnia – Le Prince Caspian telle quelle dans un premier temps : pour quelqu’un qui n’a jamais vu le film, ce début est pour le moins confus, passant d’une époque à l’autre, avec des ambiances sonores très différentes. Dans un second temps, l’écoute de ce même passage avec l’audiodescription a paru beaucoup moins longue aux élèves, et a généré plus d’images dans leurs esprits.
Cette expérience a du reste permis aux élèves de Cinéma-audiovisuel de prendre conscience que l’audiodescription est un formidable outil d’analyse filmique : il ne s’agit pas seulement de raconter l’histoire mais de traduire les choix de mise en scène sans pour autant employer un langage technique.

Marie Gaumy a ensuite présenté les différentes étapes de son travail pour traduire les images d’un film, travail de longue haleine car il faut compter environ une heure de travail pour transcrire… une minute de film ! Ce travail se fait généralement à deux, pour qu’il y ait une interaction et une correction réciproque des propositions. Une première mouture de l’audiodescription est ensuite soumise à un consultant non voyant, qui propose des ajouts ou des suppressions, avant de soumettre une version définitive du texte obtenu à la production du film. L’étape finale consiste à enregistrer la voix en studio pour qu’un ingénieur son puisse procéder au mixage.

Marie Gaumy a également évoqué la place de la sensibilité individuelle dans son travail, une des thématiques abordée cette année par les élèves de la spécialité Humanité, littérature & philosophie en terminale. En effet, face à une œuvre, quelle qu’elle soit, l’objectivité absolue n’existe pas mais dépend des nos bagages culturels, sociaux et familiaux. Pour le prouver, Marie Gaumy a soumis les élèves à diverses expériences visant à mettre en évidence le biais de « l’aveuglement par accident », qui consiste à construire sans même s’en rendre compte une interprétation de l’image en accordant une importante significative à certains éléments tout en en négligeant d’autres.

Pour finir, Marie Gaumy a souligné la difficulté du choix des mots à l’heure où un certain nombre de termes sont connotés ou peuvent heurter les sensibiltés. L’audiodescription exige en effet de dire précisément les choses, de façon la plus objective possible, mais certains mots sont désormais stigmatisants, ce qui implique une vigilance poarticulière lors de la formulation de l’audiodescription.

Ce qui est sûr, c’est que suite à cette conférence les élèves et leurs professeurs ne verront plus d’un même œil le logo indiquant qu’un programme est disponible en audiodescription – et n’écouteront plus la bande son d’une même oreille !

Hélène Fiorot, pour l’équipe d’Humanités, littérature & philosophie
& Cécile Bai, pour l’option et la spécialité Cinéma-audiovisuel

Audiodescription

Tout le monde connaît le logo signalant que l’audiodescription d’un programme est disponible, mais peu de gens savent à quoi correspond réellement ce dispositif, comment et par qui il est conçu.